ProFinA : Changer la vie d'un bénéficiaire grâce à un soutien financier.

Des success stories sur la Coopération au développement féministe dans le secteur agricole du Burkina Faso

Au Burkina Faso, l'agriculture constitue l'épine dorsale de l'économie et emploie plus de 80% de la main-d'œuvre du pays, principalement des femmes. Malgré leur rôle crucial, les femmes burkinabè travaillant dans l'agriculture sont confrontées à des défis majeurs, tels que la discrimination, l'accès limité à la terre, aux ressources financières et aux moyens de production, ainsi que le soutien insuffisant de la communauté locale. Toutefois, ces dernières années, des organisations et des programmes ont été créés pour faciliter l'accès des femmes rurales aux ressources financières pour leurs activités agricoles. L'un de ces programmes est le projet global de la GIZ "Promotion du financement agricole pour les entreprises à base agricole dans les zones rurales" (GV AgFin), qui vise à améliorer la fourniture de services financiers adaptés aux modèles d'entreprise des exploitations agricoles et des petites entreprises à base agricole dans les zones rurales.

Le projet utilise une approche de transformation du genre (GTA) pour relever ces défis. Il s'agit d'une méthode qui vise à modifier les inégalités sociales et structurelles en renforçant les capacités des femmes, des filles et d'autres groupes de population, tout en transformant les défis de la société. Il met l'accent sur la prise en compte de la perspective de genre dans la mise en œuvre, en remettant en question les normes et les rôles de genre rigides, les pratiques néfastes et les règles formelles et informelles inégalitaires.

Grâce à l'approche de transformation du genre adoptée par le projet, des femmes entrepreneurs comme Mme Traoré ont pu bénéficier d'un soutien financier et d'un renforcement économique de la part de BEN NAFA-KA-TCHA. Elles ont ainsi pu développer leurs entreprises, proposer une plus grande variété de produits et renforcer leurs chaînes d'approvisionnement. En outre, cette approche favorise des changements positifs dans leurs entreprises en ce qui concerne la dynamique de genre locale, ce qui, à son tour, a renforcé la position des femmes dans leurs familles et leurs communautés.

 

BEN NAFA-KA-TCHA : promotion des femmes par la transformation du manioc

 

BEN NAFA-KA-TCHA est une entreprise spécialisée dans la transformation du manioc en pâte et en atiéké. Elle a été fondée en 2006 par Mme TRAORE Sali qui, au début, avait du mal à être prise au sérieux en tant que femme dans la communauté. Elle décrit son expérience de la manière suivante : "J'avais du mal à être reconnue en tant que femme dans la communauté. Cependant, grâce au soutien du projet, j'ai pu entamer des discussions avec des institutions financières et obtenir un prêt". 

Grâce à l'accès au crédit dans le cadre du projet, BEN NAFA-KA-TCHA a pu développer ses activités, augmenter sa production, proposer une plus grande variété de produits et renforcer sa chaîne d'approvisionnement. Cette croissance a permis de créer de nouveaux emplois pour les femmes du village et de renforcer leur rôle dans l'entreprise en leur donnant un accès égal aux possibilités de formation et de développement des compétences. Mme TRAORE Sali représente son entreprise lors de réunions communautaires et nationales. Grâce à cet engagement, sa position a également été renforcée au sein de sa famille et de sa communauté, ce qui lui permet de prendre des décisions de manière autonome et de contribuer de manière significative aux dépenses de sa famille.  

MOUYBONGO : Redéfinition des rôles de genre dans la transformation du riz

MOUYBONGO, basée à Bama dans la région des Hauts-Bassins, se concentre sur la transformation du riz paddy en riz parboiled et en riz blanc. À l'origine, la fondatrice, Mme Ouedraogo, travaillait avec son mari et d'autres femmes dans les rizières familiales, sans être payée. Déterminées à changer cette situation, elles ont créé l'Union des femmes étuveuses de riz de Bama (UERB) et leur propre entreprise. L'UERB compte 22 groupements et rassemble 950 femmes. Grâce au soutien du projet, MOUYBONGO a obtenu un financement, a pu augmenter sa capacité de production et améliorer la qualité de ses produits. Cela a permis à Mme Ouédraogo de devenir une personnalité influente dans sa communauté, représentant son entreprise lors de réunions locales et nationales, tout en jouant un rôle plus important dans les décisions au sein de sa famille. 

Mme Ouedraogo : "En tant que femme dans un ménage polygame, je n'avais aucune perspective de travailler à mon compte. Ce n'est qu'en m'associant à d'autres femmes que j'ai pu changer de vie. Le projet m'a encouragée à développer et à améliorer mon activité et à créer ainsi une possibilité de travail durable pour d'autres femmes".

SANYA : Relever les défis de la transformation des céréales

SANYA est une entreprise spécialisée dans la transformation des céréales (riz, sésame, petit mil, fonio, sorgho) en biscuits, couscous et soufflés. L'entreprise est basée à Dédougou, dans la région de la Boucle du Mouhoun. Elle a été créée en 2015 par Mme OUATTARA Fatimata, qui est également la gérante de l'entreprise. Au départ, elle a été confrontée à plusieurs difficultés, notamment financières et sociales. Sur le plan social, elle a eu du mal à faire accepter son choix à son mari et à sa famille, car elle devait participer à des foires en dehors de sa commune pour exposer ses produits dans les grandes villes du pays et dans les pays de la sous-région. De plus, l'entreprise SANYA avait du mal à obtenir des financements auprès des banques locales pour développer ses activités. Grâce au projet, l'entreprise a obtenu un crédit qui lui a permis d'améliorer la qualité de ses produits et d'augmenter sa production afin d'être plus compétitive lors des foires. L'entreprise a également mis en place un programme de formation destiné aux autres femmes employées par l'entreprise et aux femmes de la communauté qui expriment le souhait d'apprendre le même métier. Cela a permis d'accroître leur confiance en elles et de renforcer leur rôle dans l'entreprise et dans la communauté. La directrice contribue aux dépenses de sa famille et sa voix est davantage entendue, car elle peut prendre des décisions en faveur de son entourage. 

FERME BENE WENDE : Autonomisation par la production de légumes et de fruits

L'exploitation agricole BENEWENDE est située à Diarradougou, à environ 20 km de Bobo-Dioulasso, dans la région des Hauts Bassins. Elle est spécialisée dans la production de légumes et de fruits. L'entreprise a été créée en 2016 et s'est trouvée confrontée à deux problèmes principaux. Tout d'abord, le problème des préjugés de la part du mari, qui a considérablement ralenti le développement de l'entreprise créée par son épouse, car selon lui, les femmes ne devraient pas posséder de terres pour la production agricole. Il a fallu l'intervention de sa belle-famille pour le sensibiliser au fait que son épouse KASSONGO avait   grandi dans   cet environnement. "Elle exerce cette activité depuis son enfance avec son père, elle a beaucoup d'expérience dans la production de légumes et de fruits, en plus la terre ne ment pas, alors laissez-la faire ce qu'elle sait faire le mieux", a dit le frère aîné de la gérante pour convaincre M. KASSONGO qui a alors décidé d'autoriser son épouse à exercer cette activité et de l'accompagner dans cette démarche. Deuxièmement, le problème du financement pour répondre à la forte demande. Grâce à ce projet, l'entreprise a obtenu un crédit qui lui a permis d'acquérir de nouveaux équipements de production et de moderniser son système de production. Grâce à ces investissements, l'entreprise a pu augmenter sa capacité de production et améliorer la qualité de ses produits. La croissance a également permis de créer de nouveaux emplois pour les femmes et de renforcer leur rôle dans l'entreprise. KASSONGO participe aux dépenses d'éducation, de santé et de nutrition de sa famille et prend des décisions qui concernent sa famille, elle représente également son entreprise lors de réunions nationales. 

Les histoires de BEN NAFA-KA-TCHA, MOUYBONGO, SANYA et FERME BENE WENDE illustrent comment un meilleur accès au système financier formel et une approche de transformation du genre facilitent l'accès à la participation économique des femmes dans le secteur agricole du Burkina Faso. Grâce à ces approches, les femmes ont pu obtenir davantage de pouvoir décisionnel et transformer leurs communautés. Ces succès montrent l'énorme potentiel d'autonomisation des femmes que peuvent apporter la promotion de l'égalité des sexes et le développement féministe dans l'économie agricole.

 

Par Benning, Bernd GIZ BF <bernd.benning@giz.de> & TRAORE, Maxime Adama GIZ BF <maxime.traore@giz.de>