Journée internationale de la Forêt -Des initiatives pilote en faveur des populations autochtones d’Afrique centrale dans le cadre du développement durable des Aires Protégées forestières

La Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) avec l’accompagnement du Projet régional GIZ d’appui à la COMIFAC a développé, en collaboration avec le Réseau des Populations Autochtones et Locales d’Afrique centrale (REPALEAC), cinq (5) initiatives pilotes (IP) inspirées du plan de convergence de la COMIFAC du plan stratégique du REPALEAC et du Protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leurs utilisations. La mise en œuvre de ces initiatives découle du souci de développement et d’approfondissement des approches méthodologiques de certaines thématiques en lien avec la gestion durable des forêts.

La contribution des connaissances traditionnelles à la conservation de la biodiversité en Afrique centrale : cas du Tri-national de la Sangha (TNS) et du BSB Yamoussa

De son appellation technique d’« Appui à l’utilisation des connaissances, innovations et pratiques locales et autochtones déjà identifiées dans la gestion des aires protégées ». L’implémentation de cette IP s’est menée sur la base d’une approche méthodologique séquencée en deux temps. D’une part, la collecte des données de savoirs traditionnels auprès des populations autochtones et communautés locales (PACL) répertoriées au sein des complexes d’aires protégées BSB Yamoussa (Cameroun, Tchad) et Tri-national de la Sangha – TNS (Cameroun, République Centrafricaine et République du Congo). Et d’autre part, l’organisation de plusieurs ateliers à échelle sous-régionale consacrés à la facilitation des échanges entre les différents acteurs et parties prenantes du TNS. A l’exemple de l’organisation au sein du BSB Yamoussa, du concept novateur des « Vacances utiles pour la biodiversité » ayant contribué à la valorisation de savoirs traditionnels par les jeunes des environs de l’aire protégée de Bouba Ndjida.

Cette IP a manifestement contribué à la valorisation et à la mise en exergue des connaissances traditionnelles des Populations Autochtones et Communautés Locales (PACL) du BSB Yamoussa et du TNS, permettant ainsi de contribuer à leur pérennité générationnelle. Bien que certaines de ces connaissances soient utilisées quotidiennement par les gestionnaires des aires protégées ou par des chercheurs (p.ex. lecture des empruntes et autres signes des animaux lors des inventaires fauniques), leur valorisation reste généralement peu reconnue auprès de leurs détenteurs. De surcroît, il est constaté la perte progressive des rituels de transmission de ces connaissances traditionnelles au sein des jeunes générations. C’est pourquoi, il s’avère primordial pour la survie des structures traditionnelles de favoriser leur maintien à travers la prise en considération de leurs contributions en termes de conservation des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.

Certes, il est à reconnaitre que les défis de traduction et d’exploitation de ces connaissances traditionnelles sont importants, toutefois il a été prouvé que la collecte des données sur les connaissances traditionnelles est une étape primordiale du Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP), car elle joue un rôle prépondérant dans l’amélioration du respect des droits de leurs détenteurs.

Le Consentement Libre Informé et Préalable (CLIP) : l’importance d’une implication efficace des Peuples Autochtones et Communautés Locales

L’approche CLIP, principe fondamental prise en compte dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones (2007), signifie la capacité des Peuples Autochtones et Communautés Locales (PACL) à donner ou refuser leur consentement librement (sans intimidation ou manipulation) à tout projet de développement qui est appelé à avoir des impacts sur leur mode de vie et sur leur bien-être. Dans l’optique de contribuer à l’adoption par ses Etats membres de l’application systématique du Consentement Libre, Informé et Préalable des PACL dans toutes les décisions relatives à leurs droits d’usage dans la gestion des aires protégées, une IP a été formulée sur la thématique de :« Appui à l’élaboration d’une démarche consensuelle en matière de Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) dans les aires protégées de l’espace COMIFAC sur la base des expériences existantes ».

Une méthodologie participative et échelonnée a été privilégiée pour sa mise en œuvre au sein du TNS. A cet effet, plusieurs ateliers sous-régionaux ont été organisés, permettant ainsi de réunir dans un même cadre les différents acteurs du TNS pour le renforcement collaboratif des capacités des uns et des autres en matière de CLIP et de droits humains. Ainsi, en collaboration avec le segment camerounais du TNS, la COMIFAC, le REPALEAC et le Projet régional GIZ d’appui à la COMIFAC a facilité l’expérimentation de l’approche CLIP au processus de révision du plan d’aménagement du Parc National de Lobéké. Ce qui peut être considéré comme un résultat significatif, rendu possible grâce au renforcement de capacités à objectif double : (1) la mise à disposition des informations sur le CLIP et les préoccupations des PACL riveraines au service de la conservation ; (2) l’information des PACL sur le CLIP, le processus de révision et l’importance de leur participation.

A priori, il est devenu claire qu’un manque d’informations conduit facilement à des confusions et malentendus. Fournir des informations pertinentes et renforcer les capacités de tous les acteurs impliqués est donc essentiel, car sans connaissances, ni maitrise des tenants et aboutissants par les parties prenantes, les choses ne peuvent être améliorées laissant libre cours à des abus potentiel en matière de respect des droits humains. Le système de prise de décision de chaque communauté, pourrait de ce fait être influé par le risque d’un consentement non-valable, accordé par des représentants qui n’auront pas été choisis librement par la communauté elle-même. Certes l’approche CLIP s’avère progressive sur le temps, mais elle reste le moyen le plus efficace d’implication et de participation inclusive des PACL en matière de gestion durable des aires protégées et de leurs zones périphériques. 

En somme, il est à noter que la mise en œuvre de ces IP a permis l’élaboration de nombreux produits de savoir (guides et catalogues)[1], capitalisés par le système de gestion des connaissances de la COMIFAC et mis à la disposition des Etats membres. Ces produits sont tous voués à faciliter la capitalisation et l’exploitation des expériences et apprentissages provenant de ces IP en vue de leur mise en œuvre au sein desdits États membres de la COMIFAC.